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Poème de Véronique

 

J’ai les mêmes goûts que toi c’est pourquoi j’aime parler avec toi de moi ; plus je m’intéresse à toi plus je te déteste, plus tu t’intéresses à moi plus je m’aime, nous avons donc un point commun celui de m’aimer.

Tu agrémentes notre vie en commun en récitant des textes de roman-photo, j’agrémente notre quotidien en récitant des textes de revues pornographiques.

Pendant l’acte sexuel tu me parles et ça m’ennuie. Tu es en moi durant la nuit et dès le réveil je t’éjecte de mon bas-ventre comme si tu étais un corps étranger.

Nous passons de longues soirées à parler de mon évolution dans les vespasiennes parisiennes.

Toi, tu es toujours là pour moi alors que moi je n’y suis pour personne d’autre que moi, jouant à l’autiste.

Quand je te regarde dans les yeux j’y vois mon reflet.

Je me fais des clins d’œil dans les rétroviseurs me charmant moi-même, il est vrai que je me plais, je suis exactement mon style de femme.

Tu n’es rien pour moi, juste une ombre dans l’obscurité.

En société, lorsque l’on me pose une question et qu’elle me semble triviale je ne m’abaisse pas à y répondre et te laisse le faire même si tes réponses ne sont pas aussi pertinentes que les miennes, et que à savoir que par défaut j’ai un avis sur tout.

Tu m’écoutes mais ne me comprends pas, c’est ton principal défaut.

D’être avec toi est une faute de goût.

Je me suis fidèle et ne me quitterais jamais même après la mort ; tu as édifié un monument à ma gloire.

Un jour pourtant il faudrait que je te quitte car tu seras trop vieux pour nos jeux, je te choisirais un substitut m’étant lassé de l’original.

Plus je me connais plus je m’attache à moi, mes manières nobles sont comme celles des grandes dames, en société je ne peux pas m’empêcher de briller, tu prends plaisir à noter mes réparties dans un petit calepin que tu feuillettes quand je te laisse seul ; cet attachement que tu as pour moi me semble tout à fait adapté.

Tu me fais rire, je te fais pleurer.

Quoique tu dises tu as forcément tort, moi j’ai réponse à tout et j’aime avoir le dernier mot.

Suis-je belle ? Suis-je intelligente ? Loin de moi ce genre de doutes : ma beauté saute aux yeux et quand j’ouvre la bouche ça devient comme des dialogues à la Audiard.

Dans la rue je ne peux pas me passer de moi, j’ai toujours envie de me saluer quand je passe devant une glace.

Je suis à la recherche de mon être propre, toi tu te contentes d’être ce que tu es.

La nuit tu me veilles luttant contre le sommeil et à peine assoupi je te réveille pour te raconter mes cauchemars, et te demande d’être tout à moi-même durant mes insomnies qui sont tes nuits blanches.

Je m’aimmme

                                                                                                                      Véronique

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